La Chapelle blanche

L’église Saint-Martin, construite au 12ème siècle (nef unique et clocher carré), a été agrandie au 13ème siècle (chœur gothique à chevet plat). La façade romane fut épaulée en 1520 par deux contreforts. Elle a été remaniée au 16ème siècle (collatéral Sud du chœur et chapelle Nord) puis restaurée au 17ème siècle et en 1922 (fausse voûte de la nef).

L’église, à l’origine, était placée sous le patronage de saint Pierre. Celui de saint Martin lui succéda à la fin du 12ème siècle, certainement à l’occasion de la reconstruction du monument qui était sous l’influence de l’Abbaye de Saint-Martin-de-Tours, propriétaire de l’église.

Dans le chœur, à droite (collatéral sud), subsistent des vestiges de peintures murales du 16ème siècle, parmi lesquels une Sainte Radegonde, reconnaissable à ses attributs traditionnels (le sceptre et la couronne) ainsi qu’à l’inscription en lettres gothiques, qui la surmonte.

Dans la chapelle de gauche, on peut admirer une Piéta du 15ème siècle, retrouvée en 1902 en plusieurs morceaux dans les murs du clocher. Très mutilée, elle a été d’abord reconstituée sommairement et affreusement modifiée ; cette Piéta, sculptée dans un seul bloc de tuffeau, conserve des restes de la polychromie originale ; elle a été restaurée en 1994.

Cette église est une des plus riches en représentations historiées de la vie de saint Martin. Trois vitraux du 19ème siècle rappellent chacun un épisode de la vie de saint Martin, événements prodigieux qui seraient survenus à La Chapelle Blanche Saint-Martin et dans les alentours. Ces verrières sont les œuvres des derniers maîtres l’atelier Lobin : Julien Prosper Florence et Étienne Lobin (1900-1912).

Le vitrail du centre, le plus ancien, est celui du transfert de la châsse de saint Martin et des paralytiques. Il s’inspire d’un tableau alors conservé dans la chapelle du château de Grillemont, et représente la « réversion de saint Martin », le retour des reliques du saint, qui furent ramenées de Bourgogne à Tours vers 885 pour y être installées définitivement (elles avaient été enlevées de Tours au moment des invasions normandes). Deux paralytiques, profitant du passage du cortège, demandèrent l’aumône. Des rayons d’or s’échappèrent de la châsse et vinrent miraculeusement guérir ces infirmes. Privés désormais de leur gagne-pain, ils fuirent, préférant justifier le leurs anciennes infirmités pour continuer à vivre d’aumônes. Mais, comprenant qu’ils ne pouvaient dissimuler leur guérison, ils annoncèrent le miracle, et comme témoignage de reconnaissance, portèrent leurs béquilles à l’église. C’est alors que les arbres se mirent à verdir et fleurir, bien que l’on fût en hiver. Dans le fond, se devinent le château de Grillemont et l’église de la Chapelle Blanche.

Le vitrail de droite représente l’agression des muletiers dont Martin fut victime près de la Ferme de la Varenne. La colère de Dieu s’étant manifestée par un violent orage, les agresseurs se repentirent et, sous un ciel redevenu clair, s’agenouillèrent aux pieds du saint, pendant qu’un âne buvait à la source miraculeusement jaillie au lieu-dit « Montfouet », devenue « Fontaine Saint-Martin ».

Le vitrail de gauche évoque le déplacement de saint Martin au Carroir Jodel (entre le Louroux et Bossay) pour y détruire le dernier des temples païens de la région. Pour narguer saint Martin, le Diable, monté dans un peuplier, fit tomber une grosse branche près du saint et le tira de sa méditation. Martin reconnut le Diable qui lui dit « Tu n’en ferais pas autant, toi ». Alors saint Martin monta dans l’arbre, et avec son couteau fit tant et si vite qu’il ne resta plus rien pour soutenir le diable, qui tomba et s’enfuit.

Devant l’église, on peut observer une pierre d’attente (ou dépositoire funéraire) sur laquelle étaient déposés les cercueils pour être bénis avant la cérémonie funèbre. Il s’agit sans doute, à l’origine, d’une pierre d’autel médiévale.

A côté, un puits en pierre de tuffeau, datant du Moyen Âge a été restauré en 1924. Il a longtemps servi de puits communal. Deux cimetières se trouvaient derrière ce puits, un pour les enfants et un autre pour les adultes. Au 18ème siècle, le cimetière fut déplacé sur ce qui est aujourd’hui la place centrale du bourg ; il contenait un calvaire, qui est maintenant dans le cimetière actuel, à gauche de la route de Manthelan.