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ÉGLISE SAINT-NICOLAS

Construite à la fin du 11ème ou au début 12ème siècle, selon un plan en croix latine avec une nef à trois vaisseaux, avec un clocher carré terminé par un étage pyramidal à huit pans coiffé d’un lanternon, cette église est particulièrement remarquable par ses peintures et ses chapiteaux sculptés ainsi que par les fresques de sa crypte.

Église Saint-Nicolas (juin 2013)

Dans l’église on peut voir un baptistère orné de têtes de bélier, qui rappelle le baptistère d’Avon-les-Roches (voir cette commune), le gisant du curé Jehan Guydier (mort en 1334 ou 1534) qui était auparavant dans le cimetière et, au fond du chœur, un Christ en majesté entouré d’une mandorle. Parmi les chapiteaux de la nef, on peut notamment remarquer la Tentation d’Adam et Ève  et celui représentant les Sirènes (plan S9), symbole des courtisanes attirant les hommes par leurs chants.

La tentation de d’Adam et Ève (juin 2013)

Les fresques de la crypte sont célèbres et un film de 3,44 minutes, réalisé en 2009 Richard Copans et montrant Pierre Soulages commentant les fresques, peut être vu sur internet à l’adresse suivante.

Plan de la crypte (Basile)

Les interprétations de ces fresques sont multiples ; pour certains (Gustave de Cougny[1] ou Paul Basile, principal du collège de Chinon et vice-président des Amis du Vieux Chinon, par exemple) ces peintures n’ont pas de ligne directrice mais la plupart des commentateurs du 20ème siècle estiment que d’aussi belles peintures sont forcément le résultat d’une idée générale émanant du prieuré voisin ou de l’abbaye de Marmoutier ; c’est ainsi que Paul-Henri Michel, conservateur de la Bibliothèque Mazarine, pense que le thème est la lutte entre les Vices et les Vertus et se réfère à la Psychomachie de Prudence tandis que le musicologue Jacques Chailley estime qu’il s’agit plutôt d’un parcours initiatique conduisant le pèlerin (plan n°2) jusqu’au jugement dernier à des figures du Bien et du Mal. Pour sa part, le philosophe Henri Mongis, spécialiste de l’histoire des religions, interprète le sagittaire (plan n° 17) comme une représentation d’Ismaël, l’ancêtre des Arabes et le vieillard du plan n°2 comme un Juif ; cela l’amène à penser que plusieurs peintures font référence aux luttes des Croisés contre les hérétiques. Un des derniers commentateurs, Jean-Louis Cassegrain, se basant sur le fait qu’une ancienne porte, aujourd’hui murée, permettait de rejoindre directement le prieuré, considère ces peintures comme une illustration ésotérique de la Bible à destination des moines du prieuré[2].

Voici quelques interprétations de ces magnifiques peintures, qu’il ne faut absolument pas manquer (toutes les photos sont de Mariuz Hermanowicz) :

David jouant de la harpe (plan n°7)

Plan n°7  et n° 8 : David jouant de la harpe (à droite) et danseur (à gauche) ; pour Jacques Chailley, c’est l’opposition entre la bonne musique, bienfaisante et la mauvaise musique, lascive.

Danseur (plan n°8)

Plan n°13 : un personnage tenant une bannière, semblant donner un ordre à un autre personnage portant un rameau à trois branches (selon Paul Basile) ; la largesse et l’avarice (selon les commentateurs anciens) ; l’hiver et le printemps (selon Hélène Toubert, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la peinture médiévale) ; Abel, le berger et Caïn l’agriculteur (selon P.H Michel et J. Chailley). Cette scène, extrêmement controversée, est représentée sur un timbre édité par la poste en 1997.

Abel et Caïn (plan n°13)

Plan n°18 : personnage bêchant avec une pelle pointue regardé avec attention par une femme (Paul Basile) ; Jésus et Marie-Madeleine (Gustave de Cougny) ; Adam et Ève au travail après avoir été chassés du Paradis, selon les commentateurs contemporains.

Adam et Ève (plan n°18)

Plan n°23 : descente de croix : le soleil et la lune, représentés chacun par une figure humaine dessinée à l’intérieur d’un disque, sont au-dessus des bras de la croix ; saint Jean, à gauche, est nimbé de bleu ; en haut à droite, la main de Dieu.

Descente de croix (plan n°23)

Plan n°24 : cette scène représente Jésus, aidé par Dieu le Père, luttant contre le Diable et venant retirer Adam et Ève des Enfers.

Jésus aux enfers (plan n°24)

L’église et la crypte sont ouvertes de 10h à 12h.30 et de 14h.15 à 18h

D’avril à septembre, du mercredi au dimanche,

En mars, octobre et novembre, du lundi au vendredi

En décembre et en janvier, du lundi au jeudi en contactant la mairie au préalable ;

La visite de l’église est gratuite mais la visite (libre ou guidée) de la crypte est payante.

L'équipe Litteratur