Poèmes de Joëlle Jourdan
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Nature sauvage
Je ne contemple pas
j’habite
Je ne m’efface pas
je me laisse ravir
J’emprunte
le souffle du vent
la mélodie de la fauvette
le courant fantasque
de la rivière
ou les senteurs d’une saison
et je deviens feuille
oiseau, pierre
roulée, eau précipitée
et je découvre la
légèreté, la transparence
la pesanteur
l’obscurité
le mouvement comme une danse
l’immobilité
le silence
Dire ?
Dire la vie
Traversant la pesanteur –l’immobilité
de la pierre
résistant à la fureur des vents
et de l’eau
se protégeant de la morsure profonde
du soleil ou du gel
La vie
puissante, patiente
victorieuse
Je ne contemple pas
je me laisse habiter
Je ne m’efface pas
j’attends d’être ravie.
Saisons à Navacelles
Printemps
Au creux des arbres
Des bourgeons
Ont gonflé
Sur les branches.
Des chatons s’agitent
Comme des pendeloques
La rivière lascive
S’allonge
Sur ses galets
Furtive
La fauvette
Disparaît dans le buisson
Dans la fraîcheur
Des mousses
L’anémone hépatique fleuri
La lumière
Comme une caresse
Après la tourmente
Eté
Sur le chemin La terre
Assoiffée
Se fend
La rivière
Dit sa présence
Tout au long du jour
L’eau cristalline
En cascades
Riantes
Dansent les ombres des feuillages
Sur la pierre
Plate
Bruissement de feuilles
Le troglodyte
Visite la rive
Près de l’eau.
Des senteurs
Qui me sont familières
La brise fraîche
Répare
La brûlure du soleil
Automne
Les feuilles dansent
Sous le vent
Baignées d’une ondée de lumière
Une tâche s’agite
Du même roux que les feuilles
Le rouge gorge s’est envolé
La feuille tombe
Ligne invisible
De l’arbre à l’eau
Une chute
Comme une danse.
La dernière
Les feuilles soudain
Dociles au vent
Ont découvert la folie du voyage
Univers de pierres
De vent. D’eau
Et de lumière
Hiver
Une brise se lève
Elle amuse les feuilles.
Trop de silence
L’hiver
Déshabille les arbres
Et dévoile leur nudité
Sur la rivière le vent
En souffles irréguliers
habité de souvenirs
Brisant le silence
Un chant flûté
Le rouge gorge veille