Critique ‘Bly’ de Melania Soriani – Mondadori

Nellie Bly, pseudonyme d’Elizabeth Jane Cochran, fait partie de ces personnages qui ont toujours éveillé ma curiosité, mais les livres qui la mettent en scène ne m’ont jamais pleinement satisfait.

Pour cette raison, le roman de Melania Soriani, publié en janvier dernier aux éditions Mondadori, était passé inaperçu à mes yeux, convaincu que j’étais qu’il s’agissait d’une énième opération commerciale qui m’aurait laissé un mauvais goût dans la bouche !

Plusieurs mois après sa parution, c’est pourtant le même auteur du roman qui m’a contacté et, devant tant de gentillesse et de professionnalisme (cas rare d’une personne qui envoie un mail avec les informations nécessaires !), j’ai décidé de donner c’est une chance pour ce livre.

Ici, je tiens à remercier Melania Soriani de m’avoir écrit, sinon j’aurais raté une belle lecture !

Au fil du temps, j’apprendrais qu’une femme ne serait jamais autorisée à choisir librement son propre avenir, mais pas même à gérer ses propres biens.

De Nellie Bly, ce dont on se souvient le plus, c’est le choix d’être enfermée dans un hôpital psychiatrique pour mener une enquête sur les conditions du quartier des femmes.

A l’époque, Nellie a à peine vingt ans, pourtant son expérience de journaliste d’investigation est déjà longue. Mais comment en est-on arrivé là ?

Le roman de Melania Soriani nous entraîne, dès le jour de sa naissance, dans la vie de celle qui deviendra en effet le premier journaliste d’investigation nous permettant ainsi de découvrir l’évolution personnelle et professionnelle de Bly.

Elizabeth Jane Cochran est née le 5 mai 1864 et était la treizième des quinze enfants du juge Michael Cochran. Il passe une enfance sereine et confortable, mais alors qu’il n’a que neuf ans, la mort soudaine de son père « rompt » le charme.

N’ayant jamais totalement accepté le second mariage du juge avec la mère d’Elizabeth, les enfants du premier mariage, en l’absence de testament, ont réussi à faire vendre les biens du père et à en répartir le produit entre eux.

C’est précisément cet épisode qui a clairement marqué la vie de la petite Elisabeth ; quelques années plus tard, en fait, la mère, dans l’espoir de ne rien faire manquer à ses enfants, s’est remariée.

Le second mariage, cependant, ne fit qu’empirer la situation : le nouveau mari était un homme violent, alcoolique et dont le seul but était de dilapider les maigres revenus de sa femme.

C’est précisément à cette occasion que le contraste de caractère clair entre Elizabeth et sa mère émerge, la première la poussant à demander le divorce, à une époque où c’était une grande honte pour les femmes de le faire.

Ce qui ressort de l’histoire de Soriani est la figure d’une fille tenace, déterminée et consciente de ce qu’elle attend de la vie. Elizabeth, au fil des années, devra surmonter d’innombrables obstacles, mais ce seront ceux-ci qui la pousseront à ne pas baisser les bras, à ne pas céder à cette société qui voulait la reléguer au rôle d’épouse et de mère.

J’ai appris rapidement et à la dure que non seulement une femme obtient la moitié de ce qu’elle veut vraiment de la vie, mais qu’elle ferait mieux de laisser cela suffire.

L’évolution qui conduira Elizabeth à devenir Nellie nous est racontée avec élégance et beaucoup de détails. Soriani construit un roman sans faute, usant de petites licences de l’imaginaire, comme la relation entre Nellie et Joaquin Miller, qui va ébranler presque (ou toutes) les convictions de la jeune fille ; ce choix rendra une lecture déjà passionnante plus « pétillante » !

Nous quitterons Nellie en 1890, à son retour à New York après avoir parcouru le monde en seulement 77 jours et rencontré Jules Verne.

Nous arriverons à la fin de ce roman, dont le seul défaut réside, en ce qui me concerne, dans la longueur des chapitres, avec l’envie de continuer à faire partie de la vie de Nellie, une femme qui, grâce à son courage, réussi à ne pas se laisser plier aux conventions sociales !

Je remercie l’auteur pour m’envoyer la copie du roman