Rosita s'est échappée de son pays mélancolique et du contrôle étouffant de sa mère pour aller étudier à Padoue. Sept années se sont écoulées et il n’a pas accompli grand-chose. Le travail au supermarché dont elle a besoin pour subvenir à ses besoins l'a pénalisée par des examens et le seul homme qu'elle voit, à raison d'un rendez-vous par mois, est marié. Mais elle a l’habitude de ne rien exiger. La veille de Noël, il rencontre par hasard un avocat âgé, Ludovico Lepore. Austère, élégant, énigmatique, Lepore ne cache pas une certaine aspérité, pourtant il s'intéresse à elle. Il l'engage comme secrétaire à temps partiel afin qu'elle puisse avoir plus d'argent et de temps pour l'université. Au bureau, cependant, il commence à la tourmenter avec des discours misogynes, exerçant sur elle de subtiles manipulations. Rosita le subit par nécessité, ou du moins elle le croit. Elle ne sait pas à quel point cette relation la transforme. Il ne sait pas que c'est précisément à l'intérieur d'une cage que, paradoxalement, on apprend à être libre.
Les femmes comme ennemies des hommes, d'elles-mêmes, de la société qui les empêche de se réaliser. En bref, c'est le point d'appui de L'animal femellepremier roman d'Emanuela Canepa, lauréate du Prix Calvino 2017.
Rosita est une fille du sud, qui a fui vers ce pays qui a toujours été proche d'elle, mais surtout vers cette mère écrasante et étouffante, qui voudrait qu'elle s'installe avec un homme à côté d'elle et aussi muet comme elle l'a toujours été. Muette envers son mari, perdue trop tôt, silencieuse envers la ville, jamais silencieuse cependant avec Rosita qui subit ses reproches et ses impositions, malgré les 1000 km qui les séparent.
Il suffit de la sonnerie du téléphone portable pour que Rosita se transforme en pierre, pour que l'anxiété l'attaque ; pourtant, comme dans ces relations mère-fille parfaites, Rosita répond, hoche la tête, se tait, accepte, souffre.
Mille kilomètres, ceux qui séparent la ville d'origine de Padoue, où notre protagoniste a déménagé pour étudier la médecine.
Désormais presque irrémédiablement hors classe, Rosita, à 27 ans, jongle entre un travail sordide dans un supermarché, des factures à régler, des examens désormais impossibles à rattraper et un homme marié qui la relègue au rôle de bibelot de chevet. .
Le soir de la veille de Noël, dans un geste d'honnêteté et d'altruisme, Rosita rencontre l'avocat Ludovico Lepore, qui écoute son histoire et décide de l'aider en l'engageant comme secrétaire dans son cabinet d'avocats ; Rosita pourra ainsi gagner plus d’argent et disposer de plus de temps libre pour étudier.
Emanuela Canepa crée une histoire qui est une valse entre deux personnages seulement : Rosita et Lepore. Et tous deux, telles de parfaites marionnettes entre les mains de leur créateur, dansent, trébuchent, tombent, se relèvent et recommencent.
Opposés par l'âge, l'origine sociale et l'expérience, Rosita et Ludovico Lepore s'étudient et s'interrogent à travers cet immense bureau qui les divise.
Lui, qui apparaît au départ si altruiste et généreux, va vite se révéler un misogyne agaçant, un homme égoïste et aride qui ne voit dans les femmes que des êtres prêts à profiter des hommes.
Qu'est-ce qui a rendu Ludovico si mauvais ? Quel secret se cache dans son passé ? Avec un rythme parfaitement chronométré, Canepa décortique le jeune Ludovico et nos questions trouveront finalement une réponse.
Un premier roman puissant, une prose déjà mature, des personnages parfaitement délimités et sans aucun défaut, ça y est L'animal femelleQue ce n'est que dans sa conclusion qu'il contient une petite ventilationpeut-être une banalisation, quoique minime, de l'histoire, presque une volonté de remettre chaque chose à sa place même là où il n'y en avait pas réellement besoin.