Critique de « Les aiguilles d'or » de Michael McDowell – Neri Pozza

LES AIGUILLES D'OR || Michael McDowell || Néri Pozza || 16 janvier 2024 || 553 pages

Année de grâce 1882. New York célèbre la nouvelle année entre opulence et pauvreté. Depuis son domicile de Gramercy Park, le juge cynique James Stallworth, soutenu par son fils et son gendre, lance sa croisade : nettoyer le tristement célèbre Triangle Noir, un quartier de tavernes, de bordels, de fumeries d'opium et de clôtures, au-dessus duquel règne la féroce Black Lena Shanks avec son clan de femmes rompues aux arts de la cruauté. Mais la soif de pouvoir des Stallworth devra rivaliser avec la fureur vengeresse de Black Lena. Avec Les Aiguilles d'Or, Neri Pozza poursuit la publication des chefs-d'œuvre de l'auteur culte.

Deux heures passées à regarder le journal pour s'assurer que cette critique n'était pas une longue série de gros mots insultants ! Après une abondante dose de chocolat j'ai réussi à surmonter l'obstacle des 366 saints répertoriés, un à un, en lisant et je suis prêt à vous en parler livre roman chose!

En revanche, il y aura beaucoup d'inconfort lors de la lecture, à moins que vous ne lisiez assis à une table et que vous teniez le livre à deux mains.

J'imagine que l'éditeur a choisi de conserver le format utilisé pour Eau noire à la fois pour une question esthétique et pour éviter de rencontrer des hordes de lecteurs en délire qui se seraient plaints de la laideur des volumes à assembler en librairie (je crois qu'ils reçoivent encore des insultes pour le fameux coffret !).

Mais peut-être que ces plaintes auraient été meilleures face aux malédictions lancées par ceux d’entre nous qui se sont aventurés (ou vont) lire ce roman !

Ayant conclu le problème « physique » du volume, passons à la viande, même si dans ce cas il vaudrait mieux dire peluches !

Les aiguilles d'or il est classé comme mystère historique ; Le décor est peut-être historique (New York en 1882) mais sans plus ; le jaune n'est que la jaunisse nerveuse qui frappe le lecteur en lisant !

Les protagonistes du roman sont deux familles, les Stallworth et les Shanks. Le fondateur du premier est le juge James Stallworth, deux fois veuf et père d'Edward et Marian.

La famille Shanks est entièrement féminine, dirigée par Lena, l'escrimeuse d'origine allemande, mère de Daisy et Louisa, la première mère, la seconde faussaire.

Les destins des deux familles se croisent plusieurs années avant la période dans laquelle se déroule l'histoire et McDowell nous fait voyager, entre passé et présent, pour nous révéler quel lien existe entre le juge Stallworth et Lena Shanks.

Les premiers chapitres sont à juste titre introductifs, mais aussi déroutants en raison du grand nombre de personnages que nous présente l'auteur. Mais une fois ce premier obstacle surmonté, le récit avance lentement et de manière distrayante, tantôt coincé dans des détails inutiles, tantôt dans des descriptions infinies et superflues ; des rues de New York aux maisons, en passant par les vêtements portés par les protagonistes et les salles d'audience, il n'y a rien que McDowell ne prenne soin de raconter en détail.

À cela s’ajoute un grand manque d’événements : les 400 premières pages sont pour la plupart constituées de petits faits en eux-mêmes qui contribuent peu à l'intrigue.

Arrivé au bout, lorsque la « malédiction » qui frappe les Stallworth se réalise, McDowell rassemble tous les événements et toutes les éclaboussures dont il est capable en une cinquantaine de pages !

Il se trouve que nous passons inlassablement des'endormir encore et encore avec le nez entre les pages à se demander pourquoi l'auteur a ressenti le besoin d'écrire 400 pages de néant cosmique, au lieu de tout enfermer dans 200 pages environ !

Si tu viens de lire Eau noire, il sera également difficile de reconnaître la plume de McDowell, ici aussi immature que verbeuse et absolument incapable de créer un personnage, parmi les nombreux présents, qui frappe le lecteur par son charisme (en bref, ne cherchez pas une nouvelle Elinor, car ici nous sommes loin de ces gloires !).

Il suffit d'un peu d'espièglerie (qui abonde en moi comme l'éternelle envie de pizza !) pour découvrir que Les aiguilles d'or a été publié pour la première fois en 1980, tandis que Blackwater date de 1983. Et pourquoi est-ce que je parle de méfait ? Parce que, à mon avis, nous sommes victimes du jeu habituel des maisons d'édition: publier d'abord un bon roman, créer des attentes chez les lecteurs, leur donner envie de lire d'autres livres du même auteur et ensuite leur donner les pires titres.

Neri Pozza a annoncé avoir acheté les droits de quatre romans (en plus de la saga de Eau noire) de Michael McDowell. À ce stade, la question est : combien y aura-t-il de précédents ? Et dans quelle mesure les éditeurs font-ils confiance à la stupidité des lecteurs ? La postérité jugera !