Critique du livre Été somnambulant

Nous avons fermé le numéro d’été 2023 au cours de la seconde moitié de juillet, au milieu des averses, de l’humidité, des Beanie Babies et de Barbie. Je me suis endormi au-dessus des couvertures avec un ventilateur pointé directement sur moi, ou sous une couette dans une pièce climatisée. Une sieste d’été à New York est une évasion pas comme les autres. Mes rêves d’été sont vifs cette année; Je pense à une chanson que mon frère m’a envoyée, « Sleep All Summer » par Crooked Fingers, aujourd’hui disparu, que j’ai envisagé d’inclure dans un mix au coucher. En prévision d’un événement de librairie que je fais avec l’écrivain Chloe Aridjis, je lis sa collection Dialogue avec un somnambulequi semble adjacent à notre numéro d’été avec ses histoires de rats parisiens cauchemardesques, d’invisibilité, de saints, de sœurs et de paresseux.

La peinture sur la couverture, intitulée Eaux profondes (2021), est du peintre né à Montgomery, en Alabama Danielle McKinney. Agrippant le bord sablé d’un plongeoir avec ses ongles peints en géranium, une femme se balance au-dessus d’un profond bassin d’eau bleu foncé. J’ai adoré sa sensation de tension et de soulagement simultanés. À l’intérieur, le numéro s’ouvre sur une critique de deux livres sur la catastrophe des rats à Paris, écrits par Madeleine Schwartz et illustrés par Emmanuel Pierre, deux Parisiens ayant une expérience directe de l’infestation. Une fois que Pierre eut rendu son dossier final, il écrivit pour dire qu’il s’était amusé à coller la scène de rue de la loterie des rats.

En parlant de creepy-crawlies, après le Schwartz est la critique d’Andrew O’Hagan des quatre saisons de Succession et ses scripts nouvellement publiés. Nous avons décidé de ne pas utiliser d’image fixe du spectacle, et à la place j’ai demandé Tom Bachtell pour un portrait de famille des Roy, les magnats au centre du spectacle. Comme d’habitude, la merveilleuse ligne de Bachtell cloue et embroche ses sujets.

Pour la critique d’Ed Park de plusieurs œuvres de l’écrivain hongrois Ágota Kristóf, j’ai demandé un portrait à l’illustratrice de Norwich Maya Chessman. En voyant les croquis, la rédactrice en chef Eve Bowen a demandé un élément de macabre, en accord avec les souches plus sombres des romans et des pièces de Kristóf. Chessman a assombri sa palette et ajouté quelques mouches.

Gary Younge a écrit à propos de fréquentes Revoir les mémoires impitoyables de Colin Grant sur sa famille, et j’ai demandé à un autre habitué, l’artiste né à Nashville Johnalynn Hollande, pour un portrait de Grant. Holland a présenté Grant paré d’un dashiki coloré, un petit sourire jouant sur ses lèvres. L’illustratrice barcelonaise Ciara Quilty-Harper situé le poète Robyn Schiff dans les galeries de peinture européennes du Metropolitan Museum of Art, où Schiff a travaillé après l’université, pour la critique d’Ange Mlinko de Bureau d’information : une épopée. Et pour la critique de Joanna Biggs sur L’été invincible de Lilianaun mémoire de Cristina Rivera Garza sur le meurtre de sa sœur cadette, la berlinoise Romy Blumel a caché l’ombre de Liliana dans le cadre d’un portrait de Cristina. Avec sa palette de couleurs, Blümel fait également allusion aux manifestations à la bombe scintillante contre le fémicide menées par des femmes à Mexico.

Quand j’ai lu la critique de livres de James Gleick sur l’invisibilité et la transparence, j’ai immédiatement pensé à l’artiste néerlandais Ruth van Beckdont le papier plié, les découpages et les collages jouent avec la dissimulation, l’obscurcissement et une certaine surréalité, autant de thèmes dans l’essai de Gleick.

Pour la critique de Laurence Tribe de cinq livres qui traitent de l’avenir de la Cour suprême, nous nous sommes une fois de plus tournés vers mon compatriote expatrié canadien Geoff McFetridge et ses archives de métaphores obliques. Une métaphore en bascule s’aligne sur les idées de justice et de pouvoir de Tribe.

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Pour l’art de la série du numéro, j’ai écrit à l’illustrateur, designer et architecte italien Guido Scarabottoloqui a envoyé une poignée de dessins, intitulés Viaggo à Islandaqu’il avait réalisées en 2017. Elles évoquaient involontairement les explosions dans l’article de Sean Wilentz sur Timothy McVeigh et l’essai d’Ursula Lindsey sur les suites de la catastrophe de 2020 au port de Beyrouth.

Mais revenons à la sieste. J’ajoute « Il pleut » d’Irma Thomas à mon mix au coucher, car « on dirait qu’il va pleuvoir toute la nuit ». L’idée au cœur de la critique du théoricien politique Adom Getachew sur Howard French Né dans la noirceur— l’importance de reconsidérer les contributions des Africains à l’histoire occidentale — m’est resté en tête depuis que je l’ai lu en juillet. Getachew a développé cette idée et d’autres dans son entretien avec Nawal Arjini pour notre newsletter Brief Encounters. Ses mots me font penser au somnambulisme à travers l’histoire et à la façon dont les rêves et les cauchemars peuvent brouiller notre compréhension préconçue du monde, informant une nouvelle conscience. Comme l’explique Getachew : « Les rencontres avec le passé pourraient nous arracher à certains schémas de pensée. »