Examen du Dr Bloodmoney

Critique du roman Dr Bloodmoney ou Comment on a réussi après la bombe

Titre : Dr Bloodmoney ou comment nous avons géré après la bombe

Auteur : Philip K. Dick

Éditeur : Livret

Pages : 271

Année : 2017 (publication originale 1965)

Genre : Science-fiction

Qualification:

A propos de l’auteur

Philippe K Dick (Chicago 1928-Los Angeles 1982) est l’un des écrivains de science-fiction les plus célèbres et les plus respectés du XXe siècle. Probablement le plus influent et celui qui compte le plus grand nombre d’adaptations cinématographiques (mettant en lumière des chefs-d’œuvre du genre tels que coureur de lame et d’autres travaux notables tels que Desafío Total ou Minority Report). Ces dernières années, Minotauro y Booket nous a apporté de nouvelles éditions de ses anciennes œuvres ainsi que d’autres déjà épuisées dans notre pays, comme c’est le cas du roman en question.

Examen du Dr Bloodmoney

La vie telle que vous la connaissiez est sur le point de se terminer. Les bombes vont dévaster les Etats-Unis, impossible de revenir en arrière, l’apocalypse est imminente… Sept ans après l’attaque nucléaire, à la centrale de Point Reyes, les rescapés tentent tant bien que mal de tourner la page. Là, une série de personnages pittoresques sont liés (parmi lesquels on trouve un phocomelus, un homme sans membres avec des pouvoirs psychiques et une fille avec un frère imaginaire qui vit dans son ventre) qui tentent de normaliser la vie après l’effondrement, en essayant de récupérer quelque chose semblable à leur société de bien-être sans savoir qu’ils ont l’ennemi plus proche qu’ils ne le pensent.

Il fut un temps où je lisais seulement Philippe K Dick. En l’espace de quelques mois, plusieurs de ses tomes de Nouvelles et Nouvelles (dont il est un maître) sont passés entre mes mains, ainsi que la plupart de ses romans publiés dans notre pays : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? , Valis, Una regarde le noir… et mes favoris emplacement Soit Coule mes larmes, dit le policier, parmi beaucoup d’autres. Je suis devenu obsédé par son travail comme il est devenu obsédé par une série de thèmes et de constantes qui se répètent dans ses écrits : les futurs dystopiques dans lesquels la conception des différentes couches de la réalité joue un rôle fondamental, la menace de l’apocalypse, la religion, la autonomie des androïdes, folie…

Dans Dr Bloodmoney, comment pourrait-il en être autrement, on retrouve certaines de ces caractéristiques : société post-nucléaire, personnages paranoïaques aux dons étranges, points de vue multiples et un nouveau monde à commencer… Le tout assaisonné d’une histoire digne de son temps, cent pour cent cent pour cent imprégnés par la guerre froide et la peur de la destruction totale. Le Dr Bloodmoney est découvert comme une critique contre la guerre, contre la menace réelle d’holocauste nucléaire qui planait sur le monde dans les années cinquante et soixante. Et il le fait en présentant un avenir étrange, d’une certaine manière involué (il n’y a pas de moyens de communication ni de transport, les populations sont rurales), dans lequel, surtout, pour le meilleur ou pour le pire, la relation entre les gens continue de prévaloir .

Dick avait présenté de nombreuses sociétés futures, certaines affectées par des niveaux élevés de rayonnement (Blade Runner) et d’autres se déroulant dans des colonies dans l’espace extra-atmosphérique (Mars Time). Ici, il plonge dans un monde post-apocalyptique, se concentrant sur les survivants et leur capacité (ou leur handicap) à reconstruire une société dévastée. Pour cela, Dick élabore un roman choral dans lequel d’innombrables personnages apparaissent, sans protagoniste clair, développant l’intrigue en fonction de leur interaction. Cela provoque certains moments de chaos narratif (quelque chose, par contre, de très « dickien »), avec l’apparition continue de nouveaux personnages, avec leurs particularités (dont certaines vraiment surréalistes) et des histoires croisées.

Dr Bloodmoney n’est pas l’un des meilleurs romans de Philip K. Dick, mais c’est un travail intéressant et valable sur le fonctionnement possible d’une société post-apocalyptique. Incontestablement rare et avec plusieurs moments qui flirtent avec le délire, Dr Bloodmoney est une œuvre uniquement recommandée aux adeptes du maître nord-américain ou à ceux qui veulent se plonger dans une lecture différente et, pourquoi ne pas le dire, assez extravagante. Si vous êtes nouveau dans l’univers « Dickian », mieux vaut commencer par ses Tales, Ubik ou The Man in the High Castle.