La critique de Le facteur sonne toujours deux fois

Examen de le facteur appelle toujours deux fois

Nous devons tuer M. Papadakis

On ne sait pas très bien pourquoi, le bonhomme vient d’apparaître et de rencontrer Frank Chambers dans le premier chapitre, mais c’est voir -et lire- la sensualité avec laquelle Cora fait irruption dans le roman, et il est inévitable de commencer à y penser . J’imagine James M. Cain souriant méchamment alors qu’il essaie d’imprégner le texte de cet esprit, indiquant très clairement que le destin est un animal aussi puissant qu’implacable.

Et à partir de là, on peut parler de canons, de vrais romans noirs, de la puissance du mal, ou de la prose directe et sans concession de l’auteur, mais ce que personne ne peut éviter, c’est l’empathie que le couple génère en nous, et qui laisse toute autre éthique ou évaluation morale au sol. Ce que nous voulons, c’est que le sentiment et l’attirance entre Cora et Frank triomphent, et quoi qu’il arrive arrive.

Un lien aussi fort avec le mal n’est pas facile à réaliser dans un roman, et aujourd’hui les œuvres du genre, à quelques exceptions près, n’osent pas s’engager complètement dans la voie du politiquement incorrect. C’est pourquoi le roman de Caïn est si frais, parce qu’il nous place de l’autre côté de la médaille, et sans même qu’on s’en rende compte. Bien sûr nous sommes du côté de la loi, de la morale, de l’éthique, dans notre univers réel, mais ici ce que nous voulons, c’est voir comment le couple brûle entre des tonnes de sensualité que, par contre, l’auteur résout peut-être trop vite.

Un peu plus d’une centaine de pages suffisent à Cain, qui nous a aussi donné d’autres magnifiques perles qui ont fini par faire école. Une fois de plus, il est démontré que, si les fondations sont claires, le résultat final n’est pas forcément un gratte-ciel en béton de fer, mais il peut aussi s’agir d’une petite maison paisible, sinon au bord d’un lac, du moins au bord d’un route et avec un café en contrebas, un café où l’on peut se laisser emporter par la passion légendaire de Cora et Frank.

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Synopsis de l’oeuvre

Arrivant dans un restaurant déprimant au bord de la route, Frank Chambers découvre que Cora y vit. Il n’aurait jamais imaginé qu’il y avait des femmes qui pouvaient être si désespérément désirées. L’attirance intense entre les deux ne rencontre qu’un énorme obstacle : le mari de Cora, qui possède également l’entreprise.

Auteur

James M Caïn (Annapolis, 1892 – University Park, 1977) est l’un des auteurs les plus emblématiques du genre noir américain. Romancier et journaliste de profession, il a écrit des scénarios, des nouvelles et des romans. Outre The Postman…, il est l’auteur des romans Blood Pact, Mildred Pierce et Slightly Scarlet.

Fiche technique

Titre : Le facteur sonne toujours deux fois.
Auteur : James M. Cain
Editeur : RBA
Année : 2017
Pages : 126
Qualification: