La Servante Écarlate : une dystopie glaçante
Vous l’avez sans doute entendu dans les conversations, regardé en série télévisée ou le nom a surgi dans des débats animés sur la place des femmes dans la société. Mais l’avez-vous déjà lu ? Je parle de « La servante écarlate », cet ouvrage incontournable de Margaret Atwood. Un roman dystopique publié en 1985 qui continue de résonner très fort dans nos consciences et s’impose plus que jamais comme une lecture essentielle. Si vous voulez comprendre tout le fuss autour de ce livre, commençons par la fin.
Retour sur l’intrigue
Avant de détricoter les fils du dénouement, faisons un flashback sur l’intrigue. Située aux États-Unis, dans la République de Gilead, l’histoire tourne autour de Defred, servante écarlate, une femme réduite à son rôle de reproduction dans une société post-apocalyptique soumise à une théocratie extrême.
Âgée d’une trentaine d’années, Defred (ou Offred dans la version originale, qui signifie littéralement « De Fred », son possesseur) évolue dans une structure sociale très rigide. Les femmes y sont classées en fonction de leur utilité : les Épouses (femmes des dirigeants), les Marthas (servantes), les Tantes (entraîneuses des Servantes), les Econofemmes (classe inférieure) et enfin les Servantes (destinées à la procréation).
Lumière sur la fin du livre
Intriguante et déroutante, la fin de « La servante écarlate » laisse le lecteur suspendu dans l’incertitude. Le dernier chapitre voit Defred monter dans une fourgonnette noire, menée par des hommes qui, selon Nick, son amant clandestin et aussi le chauffeur de son ‘propriétaire’, sont soit de la Résistance soit de l’Œil, le service secret de Gilead.
L’incertitude imprègne ce moment-clé. Une tension qui est maintenue à mesure que deux interprétations s’affrontent : Defred est-elle en route vers une libération tant attendue ou vers un danger encore plus grand ? Cette fin ambiguë a bouleversé de nombreux lecteurs et a suscité un vif intérêt pour la suite du récit.
Assimilation ou rébellion: une question ouverte
Dans le livre, deux moments cruciaux révèlent le doute persistant de Defred sur le fait de rester une servante écarlate ou de se rebeller contre le système. Le premier est sa relation sexuelle avec le Commandant, qui laisse entrevoir sa capacité à trahir pour l’intérêt personnel. Le second est sa relation avec Nick, un acte de résistance et de désir qui sape l’idéologie de Gilead.
Ces moments remettent en question la vision du lecteur sur Defred. Est-elle une survivante manipulatrice ou une victime cherchant l’amour et la liberté ? Pourrait-elle trahir Nick ou est-elle indéfectiblement dédiée à leur amour ? Ces questions persistent et font écho à la fin du livre, antidote parfait à toute forme de complaisance.
La Servante Écarlate : au-delà des pages
Mais il est important de noter que le roman ne se termine pas réellement avec la disparition incertaine de Defred. Un épilogue, sous forme d’une conférence scientifique datant de 2195, donne un aperçu dans le futur. Ce chapitre, prenant du recul, révèle que la République de Gilead a fini par tomber, mais il omet de parler du sort de Defred.
À travers cet épilogue, Atwood élargit la portée de son roman. Elle souligne que rien, pas même les régimes les plus oppressifs, ne dure éternellement. Mais cela ne signifie pas que les effets de leurs atrocités disparaissent. Le sort de Defred reste inconnu, un point d’interrogation qui donne encore plus d’importance à sa voix.
En conclusion… ou plutôt dans l’attente
Margaret Atwood a joué un tour de maître avec « La servante écarlate », laissant les lecteurs accrochés avec un suspense insoutenable. La fin, ambiguë et ouverte, laisse subsister deux possibilités, écho parfait des questionnements tout au long du livre.
Il aura fallu attendre 34 longues années avant que Margaret Atwood ne propose une suite à « La Servante Écarlate ». « Les Testaments », publié en 2019, apporte des réponses, tout en laissant de nouvelles questions à explorer. Mais c’est une autre histoire, à raconter une autre fois.