Une plongée dans l’univers du « Bal des folles »
Sur l’étroit chemin qu’emprunte le mélange fascinant de l’histoire et de la fiction, Victoria Mas nous invite à danser au rythme du « Le Bal des folles ». Cette œuvre remarquablement bien documentée jette la lumière sur une époque révolue où les frétillements de la société sont posés sur l’échiquier de la lutte des sexes et de la santé mentale. Avant d’analyser la fin révélatrice, il est nécessaire de se référer au contexte et à l’histoire qui se déroule page après page.
1876, Paris. L’auteur nous emmène dans les salles de l’Hôpital de la Salpêtrière, un dépotoir pour les femmes que la société a jugées folles ou tout simplement dérangeantes. Certaines de ces femmes sont aliénées, tandis que d’autres sont abandonnées par des maris, des frères ou des pères mal à l’aise à cause de leur indépendance et de leur force de caractère.
Femmes oubliées, femmes réduites au silence
Parmi les personnages principaux, on trouve la très pieuse Louise et la séduisante et indépendante Eugénie. Toutes deux sont des patientes, mais leurs maladies sont radicalement différentes. Louise croit qu’elle est la fille de la Sainte Vierge, alors qu’Eugénie communique avec les morts. Puis il y a Geneviève, une infirmière qui a choisi ce chemin par amour pour Théophile, un ambitieux médecin aspirant à la renommée.
Nous voyageons à travers leurs vies jusqu’au « Bal des folles », un événement grotesque et misogyne où le Paris high-life vient regarder ces femmes arborant de somptueux costumes dans une mascarade d’humiliation publique. Ce bal donne son titre au livre et symbolise l’inégalité et l’injustice auxquelles ces femmes sont confrontées.
Le dénouement: un cri de libération
Le dénouement est une clôture à la fois prévisible et surprenante. Après le « Bal des folles », Eugénie est trahie par sa famille. Son père et son frère la renvoient à l’hôpital pour « hérésie » – en d’autres termes, pour sa capacité à comprendre et à refuser l’injustice.
Ceci conduit à l’un des moments les plus émouvants de l’histoire. Au sommet de son désespoir, Eugénie est sauvée par Louise et Geneviève. Ces trois femmes, bien que différentes, sont unies par le système oppressif auquel elles sont soumises, et elles font preuve d’un courage et d’une solidarité redoutables en choisissant de défier leur destin.
L’espoir et l’évasion
La fin de « Le Bal des folles » voit Geneviève orchestrer l’évasion d’Eugénie de l’hôpital. Au cours de ce processus, elle se libère de sa propre cage en se rendant compte de l’injustice inhérente à la Salpêtrière. Simultanément, Louise se sacrifie en restant à l’arrière, ce qui permet aux autres de fuir.
Un dernier bal
L’évasion nocturne d’Eugénie est une danse de liberté et d’espoir. C’est là que le livre trouve sa conclusion lumineuse dans les ténèbres – une lueur de libération pour ces femmes oubliées.
En définitive, « Le Bal des folles » est une critique acérée et émouvante de la façon dont la société a historiquement réduit au silence et marginalisé les femmes sous prétexte de folie. La fin du livre donne enfin une voix à ces femmes, un cri de liberté qui résonne encore longtemps après la fermeture du livre.