Théo a dix-huit ans et derrière lui a eu une vie difficile faite d'abandons, de déceptions et de rêves brisés. Mais il y fait face avec ténacité, il a trouvé du travail comme apprenti pâtissier et cherche désespérément un logement. Malgré son ironie caustique, c'est un bon garçon et veut croire que la vie peut lui réserver un avenir meilleur. Jeanne a soixante-quatorze ans, seule et triste. Depuis qu'elle a perdu son mari quelques mois plus tôt, elle vit de larmes, de souvenirs et de visites quotidiennes au cimetière. Elle ne voit aucune issue à son découragement, vivre lui semble désormais inutile. Iris a trente-trois ans et est en fuite avec une valise verte. Elle a quitté sa ville, son homme, son travail, elle a changé de numéro de téléphone et rompu toutes relations avec tout le monde, et se cache à Paris avec la seule compagnie du secret qu'elle porte en elle. Le destin fait en sorte que ces trois solitudes soient placées sous le même toit. Et la coexistence forcée, initialement malvenue pour tout le monde, se révélera être une source inépuisable d'événements hilarants ou émouvants, mais néanmoins significatifs, qui changeront complètement la vie des trois protagonistes. Avec une écriture fluide qui respire l'ironie, Virginie Grimaldi rappelle que vivre est toujours la chose la plus importante et que parfois les espoirs se réalisent.
Trois vies qui s'entrelacent, trois existences apparemment différentes et lointaines qui se rejoignent peu à peu pour ne former qu'une seule intrigue.
Jeanne a perdu son bien-aimé Pierre il y a quelques mois et sa vie a été brisée : toutes ces habitudes, ces petits gestes et habitudes quotidiennes ont perdu tout sens ; la journée commence et se termine sans Pierre et pour elle, rien n'a plus de sens que le peu de temps qu'elle arrive à passer chaque jour au cimetière. Là, il s'assoit devant la pierre tombale et raconte à Pierre ce qui se passe dans sa vie et celle des gens qu'ils ont connus ; exactement comme lorsque, chaque soir, au dîner, ils se racontaient leurs journées, Jeanne tente de transformer son monologue en un de ces simples dialogues entre époux de longue date.
Iris a 28 ans et fuit une de ses énièmes cicatrices, le plus grand, le plus douloureux : un amour toxique et malade qui, pendant des années, l'a empêchée d'être elle-même. Et ce qui lui a donné la force de s'échapper, c'est quelque chose d'inattendu et d'immense : une nouvelle vie !
Et puis il y a Théo, à peine 18 ans et une vie désastreuse derrière lui : une mère alcoolique et un va-et-vient constant dans une série d'institutions. Dès sa majorité, il s'enfuit et cherche un emploi d'apprenti pâtissier ; il vit dans une voiture, devant une maison aux volets bleus, qui renferme, entre ses murs, quelque chose d'aussi précieux qu'inaccessible pour Théo : une famille.
Jeanne, Théo et Iris sont trois fils épars, chacun perdu dans sa propre douleur et sa solitude. Leurs vies s'entremêlent lorsque Jeanne, pour compléter la maigre pension avec laquelle elle doit survivre, décide de louer une chambre dans son appartement. Mais deux personnes répondent à cette annonce en même temps : Théo et Iris. Et Jeanne, qui dispose en réalité de deux chambres libres, décide de les accueillir toutes les deux.
Ce qui reste est le roman « classique » de Virginie Grimaldi, une auteure qui, depuis ses débuts, nous a habitués à des histoires tendres et drôles qui cachent, au sein de leurs pages, des moments de douleur intense, mais n'entraînent jamais de lourdeur.
Au cours de notre existence nous rencontrons des milliers de personnes avec qui nous créons des liens invisibles qui font de nous ce que nous sommes.
Les histoires des trois protagonistes s'entrelacent lentement, se transformant de simples colocataires qui n'ont apparemment rien en commun, en un trio qui utilise l'ironie, le sarcasme et, pourquoi pas ?, même les larmes, pour s'entraider.
Petit à petit, ce qui était au départ de simples dîners décontractés pris en même temps et à la même table, se transforment en moments de dialogue, de discussion et d'encouragement mutuel.
Chacun d’eux a de multiples facettes, que Grimaldi nous raconte avec la grâce qui distingue sa plume !
Et ainsi, alors que le premier chapitre nous frappera aux tripes avec une tournure inattendue déjà sur la deuxième pagedans les dernières lignes, nous réaliserons définitivement à quel point la vie peut être vraiment surprenante et nous réserverons des surprises et des rencontres complètement imprévisibles.
Il n'y a pas un personnage qui l'emporte sur les autres; leurs histoires se déroulent en parallèle et chacune d'elles nous procure des émotions uniques. Jeanne réalise combien sa vie s'est arrêtée avec le cœur de son bien-aimé Pierre et combien sa tristesse innée, presque un voile qui lui a tenu compagnie tout au long de son existence, doit définitivement être levée.
Iris est l'emblème de la force des femmes et il était agréable de constater que l'auteur ne l'a pas « exploitée » pour un énième récit sur les violences faites aux femmes ou pour parler de féminisme et de résilience. Inès est une fille comme beaucoup d’autres qui, comme beaucoup d’autres, sont tombées sur le mauvais homme, mais qui ont eu la force d’ouvrir les yeux et de s’échapper. Elle n'est pas une héroïne, elle n'est pas une survivante, elle ne dresse pas de bouclier pour se défendre, bien au contraire… dans sa prudence, il lui est facile de lâcher prise, de s'ouvrir aux autres, de reprenez sa vie et recommencez à zéro !
Et puis il y a Théo ! Ici, peut-être, parvient-il à creuser un peu plus profondément le cœur du lecteur ! Celui qui aurait tous les atouts pour être le personnage exagéré, problématique, insensible, celui à convertir, est au contraire le plus gentil, le plus drôle, le plus prêt à se jeter dans la vie à corps perdu !
Théo a pris beaucoup de coups, il a vu et voit beaucoup de souffrance. Il a pourtant choisi d'essayer, de se jeter dans ce chaos des rues parisiennes, de construire quelque chose pour lui d'abord, et ensuite, qui sait, pour qui voudra le rejoindre !
Entre plaisanterie et sourire narquois, Théo, Iris et Jeanne vont devenir une famille et on ne pourra que les observer de loin et les envier même un peu !