Revue de roman IQ

Synopsis de l’ouvrage

QI, ou Isaïe Quintabe, est une sorte de détective sans licence qui opère dans les quartiers miteux de Los Angeles. Un homme solitaire et autodidacte, d’une intelligence et d’une perspicacité extraordinaires, qui devra enquêter sur la tentative de meurtre d’un célèbre rappeur.

Revue « QI »

Les détectives littéraires sont nombreux à Los Angeles, de Philip Marlowe (le modèle classique) à Harry Bosch, en passant par Lew Archer, le couple Kenzie & Gennaro ou encore Easy Rawlins. Q.I. (nom qui vient avec un jeu de mots, puisque IQ est l’acronyme en anglais de quotient intellectuel, IQ) a l’honneur et le mérite d’être le plus différent de tous, d’apporter de la fraîcheur à un métier déjà bien rodé dans la littérature noire. On note dès le début qu’Isaiah n’est pas du tout l’investigateur typique, il suit son propre chemin, comme s’il contemplait le monde et le vivait à un rythme différent du reste des mortels.

Joe Idé rendre hommage avec ce personnage à Sir Conan Doyle et son mythique Sherlock Holmes. Avec la méthode déductive -ou inductive, comme il le dit lui-même- comme drapeau, donnant la priorité au cerveau sur le muscle, IQ enquête et résout les cas simplement en regardant les détails que les autres ne peuvent pas voir, radiographiant le monde comme s’il en avait un de ces scanners de type Terminator.

Chaque Sherlock digne de ce nom doit avoir son Watson. Dans ce cas, le rôle revient au type, en principe, moins indiqué. Dodson (même le nom est similaire) est un membre de gang qui vole, transporte de la drogue et fait tout ce qu’il peut (et presque tout criminel) pour gagner le plus d’argent possible. Et oubliez les manières d’un gentleman britannique, car Dodson est grossier, querelleur et égoïste, même si vous verrez qu’il a plus de cœur qu’il n’y paraît.

Q.I. C’est un roman brutalement drôle, un de ceux qu’on lit cent pages d’affilée sans s’en rendre compte. La faute à une narration à un rythme toujours soutenu, qui se promène entre le classique hardboiled et la comédie noire en de nombreux moments, avec une utilisation du langage de la rue (énorme travail du traducteur de l’édition espagnole) et des dialogues et des situations qui nous rappellent le du grand Tarantino. Il n’y a pas quelques moments où le rire et la violence se mêlent, offrant des scènes mémorables.

L’intrigue se déroule en deux périodes : une en 2005, au cours de laquelle on assiste à la genèse de ce curieux détective et au début de sa relation professionnelle amicale avec Dodson ; et une autre en 2013, où se déroule l’affaire principale du roman, avec le rappeur qu’ils veulent liquider et toute la populace autour de lui. Les deux sont tout aussi intéressants et se donnent des retours, notamment en ce qui concerne la façon de travailler d’IQ et sa relation (et ses hauts et ses bas) avec ses fidèles ? compagnon d’infortune.

Joe Ide a réussi ce qui semblait impossible : écrire un roman policier différent, qui reprend une bonne partie des constantes du genre mais adapté à un contexte et des personnages qui ne sont pas ce qu’on attend d’eux dans ce type d’ouvrage. Un roman amusant et intelligent qui a marqué le début d’une saga dont les suites méritent bien de toucher aussi notre pays.

« Il avait plus de travail qu’il ne pouvait en supporter, mais beaucoup de ses clients payaient ses services avec une tarte aux patates douces, ou des travaux de jardinage, ou un tout nouveau pneu radial, et c’est alors qu’ils le payaient. »

QI dans Alliance éditoriale

A propos de l’auteur

Joe Idé (1958) est un écrivain américain d’origine japonaise. Il est l’auteur de la série IQ investigateur (Isaiah Quintabe), dont cinq romans ont déjà été publiés. En 2022 voit la lumière La côte d’adieuune œuvre dans laquelle il met à jour le mythique Philip Marlowe, l’emmenant dans les rues de Los Angeles au 21ème siècle.

données de publications

Titre : Q.I.

Auteur : Joe Ide

Traducteur : Eduardo Hojman

Année : 2018

Éditeur : Alliance

Pages : 379

Genre : roman noir

Qualification: