Critique du livre Une personne d’hiver

La couverture de notre numéro de Noël a été dessinée et manuscrite par Sophie Martineck, illustrateur et designer basé à Berlin. Je travaille avec Martineck depuis mes jours chez Le New York Times Section Opinion et j’ai toujours admiré la façon dont sa pensée se traduit par un style naïf mais sophistiqué. Lorsque je lui ai demandé de faire notre couverture, elle m’a envoyé un intérieur, expliquant qu’elle « avait cherché sur Google les cuisines américaines (four, réfrigérateur, placards et carrelage) ainsi que les maisons en rangée de New York », pour plus de véracité.

Ses précédentes contributions au Revoir inclure des portraits de Franz Kafka ; Theodor Adorno, Gershom Scholem et Walter Benjamin ; Albert Camus; et une série de dessins issus de sa prolifique production de carnets de croquis que nous avons présentés comme spot art dans notre numéro du 25 mai 2023. Après avoir clôturé le numéro la semaine dernière, j’ai envoyé un e-mail à Martineck pour lui poser des questions sur sa routine de vacances, Berlin et ses livres.


Léanne Shapton : Comment vous êtes-vous préparé pour les vacances en grandissant et comment vous préparez-vous maintenant ?

Sophie Martineck : Naturellement, quand j’étais enfant, j’étais extrêmement excité par Noël. Mais ensuite, une fois le jour venu et tous les cadeaux ouverts, je devenais mélancolique, car je devais encore attendre une année entière.

Ces jours-ci, j’achète des cadeaux et j’envoie des cartes tôt. Je préfère garder le stress au minimum. J’attends avec impatience les jours entre Noël et le Nouvel An : tout est calme et vous avez Berlin pour vous tout seul. J’apprécie davantage Noël en tant qu’adulte. C’est tellement détendu parce qu’il s’agit plus de voir la famille et les amis que de recevoir des cadeaux.

L’un de nos rédacteurs a fait remarquer que votre couverture ressemblait à un calendrier de l’Avent, et j’ai pensé que c’est à cela que devrait ressembler chaque couverture, l’anticipation de ce qu’elle va contenir. Comment vous est venue l’idée de mettre en scène une cuisine ?

J’ai trouvé la mission inspirante : rien de trop sucré ou de saison, pas de Père Noël, rien de trop prévisible. Dessiner des scènes du quotidien me fascine. La perspective isométrique devait également être présente pour que je puisse en mettre le plus possible dans une illustration. J’aime regarder dans tous les coins d’une pièce et jeter un coup d’œil à travers une porte ou une fenêtre ouverte. Mon idée était de regarder dans les coulisses : la préparation et le nettoyage de la maison pour les invités. L’autre côté – ennuyeux – des vacances. J’ai donc pensé que montrer une cuisine avec toute la cuisine, les courses et la mise de la table, tout cela se déroulant en même temps que le propriétaire doit répondre à la porte pour recevoir les colis du facteur, illustrerait le mieux les « Fêtes ».

Avez-vous un studio ? Pourriez-vous décrire votre espace de travail ?

Je travaille à domicile, ce que j’ai fait pendant la majeure partie de ma carrière artistique. J’ai besoin d’être seul et de profiter du silence pour travailler. Mon bureau est juste à côté de la fenêtre pour que je puisse observer les oiseaux dans l’érable de Norvège dans mon jardin. Une crécerelle, que j’adore, et un geai eurasien, qui fait beaucoup de bruit, passent de temps en temps, mais généralement c’est un couple de palombes communs, qui y vivent en permanence et tranquillement. J’ai un petit bureau car mes dessins ne sont pas grands. Une radio m’apporte toutes les nouvelles.

Quel genre d’art aimez-vous, et peut-être même revisitez-vous pour vous inspirer ?

J’adore le travail de Jiří Šalamoun pour son inventivité sauvage et ses idées créatives audacieuses. C’était un illustrateur tchèque. Quand je suis coincé, je regarde ses livres. Ils m’aident toujours à apaiser mon esprit. Je suis également un fervent adepte des comptes Instagram de l’American Folk Art Museum et de la Wellcome Collection à Londres. Je suppose qu’on pourrait dire que j’aime l’art populaire !

J’adore votre travail de carnet de croquis. Pouvez-vous me parler de cette pratique ?

Les dessins des carnets de croquis ont commencé avec la tâche de remplir une page avec la même chose – objet, animal, plante ou humain – encore et encore, et de proposer des formes toujours nouvelles et différentes pour le même sujet. La taille de la page définit le nombre de choses que je peux y mettre, combien peuvent être placées sur une seule ligne. La répétition et la variation sont de grandes sources d’inspiration. Et les limites de style imposées par un feutre noir aussi.

Lisez-vous quelque chose de nouveau ou d’ancien cet hiver ?

Quelque chose de nouveau : je viens de lire le troisième livre de la romancière autrichienne Monika Helfer sur sa famille, Löwenherz (Cœur de Lion), celle-ci à propos de son frère. Le premier livre (Dernière maison avant la montagne) a pris pour sujet sa grand-mère maternelle, la seconde (Bibliothèque pour les blessés de guerre), que j’ai terminé il y a quelques semaines, son père. J’adore son langage dense, beau et précis. Chaque phrase est une pierre précieuse. Elle peut décrire les moments les plus difficiles avec cœur et chaleur.

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Comment est Berlin en ce moment ?

Berlin est actuellement recouverte de neige, ce qui est tôt pour l’année, mais c’est vraiment agréable. J’aime le ciel gris, l’air froid, la pluie. Je suis une personne hivernale.