Critique du roman de Reykjavik

Critique du roman de Reykjavik

Titre : Reykjavik

Auteur : Pablo Sebastia Tirado

Editeur : Kingdom of Cordelia

Année : 2018

Pages : 291

Genre : roman noir

Qualification:

A propos de l’auteur

L’un des rabats du livre nous dit que Pablo Sebastien Tirado (Castellón de la Plana, 1973) est avocat, écrivain et journaliste. Professionnellement, il conjugue création littéraire et travail dans divers médias, radio et presse écrite, ainsi que conseil aux entreprises et promotion éditoriale. Il est membre du comité d’organisation du festival Château Negro et a publié plusieurs romans depuis ses débuts en 2007 avec Le dernier projet du Dr Broch.

Revue de Reykjavík

L’albinos Hannu est une sorte d’ange exterminateur, un homme qui parcourt le monde accompagné de son fidèle rottweiler pour se débarrasser des êtres les plus méchants et les plus méprisables de la planète. Tout va changer pour lui lorsqu’il rencontre Bianca, une femme brutalement abusée qui va provoquer un effondrement progressif de son code personnel/professionnel particulier. De son côté, Pietro, un ancien actif de la mafia sicilienne purgeant une longue peine, est libéré de prison par une mystérieuse société scientifique basée en Islande, pour faire partie d’une expérience aussi fascinante que dangereuse.

Il y a deux adjectifs qui vont comme un gant à cette œuvre de Pablo Sebastiá Tirado : surprenant et sacrément addictif. Roman en deux étapes, narré sur la base de chapitres courts et intenses, dans lesquels deux histoires apparemment distantes, uniquement unies en principe parce que toutes deux sont menées par des criminels liés à la mafia, se déroulent devant nous avec une efficacité et une urgence qu’ils vous obligent à lire de plus en plus.

Dans les deux histoires ou époques, comme je dis, le crime et ses « professionnels » sont très présents, même s’ils sont abordés différemment. Celui d’Hannu est, en principe, plus archétypal dans le noir des mafias et de la vengeance, avec le personnage dur et mystérieux qui, soudain, perçoit l’étincelle de la vie. De son côté, l’histoire du Sicilien Pietro entre dans des eaux inattendues, naviguant dans le thriller de science-fiction, mais conservant toujours une âme de pur roman noir.

Reykjavik Il a le don de ne pas se décomposer à tout moment. De son ouverture flamboyante et directe à son bain de sang final, le rythme est toujours élevé et les faits suffisamment intéressants pour dévorer le livre en quelques après-midi. Et c’est que, malgré de nombreux morts entre ses pages, le roman est vivant au sens le plus large du terme.

L’œuvre se déplace principalement dans deux espaces bien différenciés : l’un urbain, sale et dangereux, une Barcelone brutale qui envenime le crime et la corruption des quatre côtés ; autre froid et aseptique, le complexe technologique islandais, avec ses appareils complexes, ses lignes architecturales parfaites et ses scientifiques en blouse blanche. Deux dimensions d’un même monde impitoyable dans lequel la ligne qui sépare la vie de la mort, l’honneur de la bassesse, est presque invisible.

A Reykjavík se rencontrent une série de personnages durs et expéditifs, une curieuse collection de fils de putes. On retrouve de très méchants méchants et tout simplement des méchants, retrouvant certains traits « tarantiniens » parmi les personnages principaux de la série, sorte d’assassins charismatiques avec une âme. De tous Hannu prend le gâteau avec une moralité imprévisible – et des citations bibliques solennelles aux moments de pointe – qui sont aussi effrayantes que son compagnon canin.

Pablo Sebastiá Tirado a réalisé avec Reykjavík un roman policier différent, hyperviolent et viscéral, avec une subtile touche de science-fiction, articulant avec maîtrise et originalité une histoire divisée en deux qu’on ne peut s’arrêter de lire jusqu’au bout. Un auteur à découvrir qui réaffirme l’excellente santé du natif noir d’aujourd’hui.

« Tu es aussi un solitaire, hein ? La vie a des tournures curieuses. Il faut aller de l’avant, sans regarder en arrière. Entre autres parce que je n’ai nulle part où chercher. Même mon nom est inventé » – Hannu.

Reykjavik en Royaume de Cordélia

Nos remerciements à l’éditeur pour l’envoi de la copie.