Critique de 22 secondes, par Eva Mejuto
L’un des titres finalistes du Prix Hache 2021.
Titre: 22 secondes
Auteur: Eva Mejuto
Éditorial: Éditions Logez
An: 2019
Pages : 140
Qualification:
Auteur
Eva Mejuto Elle est titulaire d’un doctorat en journalisme de l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, elle a travaillé sur l’édition de littérature pour enfants de 1998 à 2016. Elle fait actuellement partie du projet culturel Capicúa, enseignante au Master en livres illustrés et animation audiovisuelle. à l’Université de Vigo, elle est l’auteur de diverses adaptations d’albums illustrés traduits en plusieurs langues.
L’édition galicienne de 22 secondes (Xerais, 2017) a été sa première incursion dans la littérature jeunesse, suivie de Memoria do silencio (Xerais, 2019). Il coordonne le Salón do Livro Infantil e Youth de Pontevedra.
Résumé de 22 secondes
Ce qui n’est pas dit, c’est comme s’il n’existait pas, lui avait dit un jour son grand-père. Et il était temps d’exister. Álex, jusqu’à ce moment, n’avait vécu qu’à huis clos. Maintenant, il n’y avait plus de retour en arrière. La caméra allumée lui a demandé de parler.
«Je suis Álex, un garçon transsexuel. J’ouvre ce Vlog pour partager avec vous ma vie. Celui qui me connaît et qui voit cette vidéo comprendra beaucoup de choses, voire ne comprendra ou ne voudra rien comprendre. Le différent fait peur, ça donne le tournis parce que ça oblige à se remettre en question tellement de choses… C’est pourquoi je fais cette vidéo, parce que je ne veux pas avoir peur ou honte d’être qui je suis».
Avant d’avoir eu le temps de réfléchir, il a connecté l’appareil photo à l’ordinateur. Vingt-deux secondes. C’était le temps qu’il a fallu pour que le fichier soit téléchargé sur le réseau.
« 22 secondes » désigne, à la première personne, des moments d’enfance et d’adolescence d’un jeune transsexuel qui, dès les premières années, sait que son identité de genre ne coïncide pas avec le sexe qui lui est assigné à la naissance. Un travail qui cherche à rendre visible, par empathie, un groupe de personnes historiquement réduites au silence et dénigrées qui se battent pour ne plus être considérées comme malades devant les lois et la société.
revoir 22 secondes
Que se passe-t-il quand on décide de s’ouvrir au monde et de se montrer tel qu’il est en ligne ? Le danger est peut-être le premier mot qui nous viendrait à l’esprit, la prévention le second, si nous arrivons à nous contenir un peu, et la liberté serait déjà le troisième, surtout si celui qui prend cette décision a passé toute sa vie à supposer que son identité, la celui qui sent vraiment, ce n’est pas celui que la nature lui a donné.
D’une main subtile Eva Mejuto Cela oblige Álex à prendre la place d’Ánxela, ou finalement à accepter que c’est son destin et que tout le reste est un accident. Cela, qui peut sembler très facile dit ainsi, se heurte à un monde bien plus injuste que ne le voudrait le politiquement correct, et dans lequel accepter ceux qui sont différents devient une odyssée dont nous ne sommes pas encore libérés.
Álex est ce qu’il est et a toujours été comme ça, avec toute l’authenticité d’un être humain fort, capable de se battre pour son identité, et le meilleur mérite de ce roman est de ne pas lésiner sur les difficultés, de ne pas tout peindre avec la positivité d’un arc-en-ciel, mais pour confronter le lecteur à notre propre réalité, qui peut nous effrayer jusqu’à ce que quelqu’un comme le grand-père marin d’Álex enfonce la porte avec l’utilisation dévastatrice de la raison.
La mère d’Álex et Ana, une amie, sont les autres piliers qui soutiendront le processus de transition que le protagoniste doit surmonter, et au début duquel nous l’abandonnons, peut-être parce que dans ces vingt-deux chapitres, nous avons déjà expérimenté ce qui était important dans principe, la décision de s’accepter tel que l’on est, et non comme les autres ou les canons prétendent que nous sommes. C’est peut-être prétentieux de parler de leçons vitales, mais le lecteur réfléchira à la simplicité avec laquelle on pourrait se rendre la vie de temps en temps, c’est certain.
Revue par Antonio Parra Sanz