Tours 2 : Caesarodunum

Il a été démontré que le site de Caesarodunum fut occupé d’une façon peu dense par les Turons, dont une citadelle importante se trouvait sur la rive droite de la Loire à Fondettes et qui disposaient à cet endroit d’un pont permettant d’attendre la rive gauche.

Des traces de cette occupation ont été retrouvées, notamment dans le quartier des Halles (rues Julien le Roy et Néricault-Destouches, hôpital de Clocheville) où l’on a découvert des débris de céramiques, dont un morceau d’assiette en céramique grise portant le graffito Caranus Optatus (patronyme associant un nom celtique et un nom latin) ainsi que 14 potins à la tête diabolique, considérés généralement comme la monnaie des Turons.

Mais la capitale des Turons, devenus gallo-romains, fut fondée ex nihilo par l’empereur César Auguste, entre 10 avant JC et 10 après JC, au croisement d’une voie est-ouest qui longeait la rive gauche de la Loire et d’une voie sud-nord, sur une surface de 40 à 60 ha comprise entre la Loire (au nord), la Place Jean Jaurès (au sud), la Place de la Victoire (à l’ouest) et la rue Mirabeau (à l’est) ; son nom apparaît pour la première fois vers 150 après JC, dans la Géographie de Ptolémée, sous la forme grecque Kαισαρόδουνον, signifiant « la citadelle de César ».

Vers 370 après JC, devant la menace des invasions barbares, des fortifications, utilisant souvent les pierres des anciens monuments, furent élevées, dans la partie est de la ville antique, sur une surface de 9 ha, englobant l’ancien amphithéâtre ainsi que la cathédrale et le château actuel.

Mais l’empire romain est attaqué de toutes parts et après la déposition de Romulus Augustus, le roi des Wisigoths, Euric, conquiert toute la partie de la Gaule au sud de la Loire ainsi que l’Espagne ; c’est en 480 qu’il s’empare de Tours, dont Clovis s’emparera ensuite en 507 après avoir tué Alaric II à la bataille de Vouillé, près de Poitiers.

PATRIMOINE À VOIR

Les ponts : Deux rangées de pieux supportant des ponts de bois antiques peuvent encore être vues quand la Loire est basse.

Le plus ancien, dit pont de l’île Saint-Jacques, daté des années 30/50 après JC, se trouvait à l’est du pont Wilson et reliait Caesarodunum à la rive droite de la Loire, où passait la voie allant d’Orléans à Angers. Il aurait été utilisé jusque dans les années 300.

Le second, dit pont de l’île Aucard, se trouvant à l’est du pont de fil, fut vraisemblablement édifié au 4ème siècle, au moment où la population de la cité se replia dans un castrum (voir ci-après) appelé Civitas Turonorum, « la Cité des Turons », dénomination ayant donné Tours. Ce pont permettait de rejoindre Marmoutier, où Saint Martin s’était installé quand il était devenu évêque de Tours (voir ci-après).

L’amphithéâtre : Construit sur une butte, à l’est de la cathédrale actuelle, dans la seconde moitié du 1er siècle après JC, il avait la forme d’une ellipse mesurant 122 m x 94 m et pouvait accueillir 14 000 spectateurs. Il fut agrandi au milieu du 2ème siècle pour atteindre 156 m x 134 m et il put alors accueillir 34 000 spectateurs. Il fut ensuite transformé en citadelle au 3ème siècle puis intégré dans les fortifications du castrum.

D’importants vestiges peuvent encore être vus mais beaucoup se trouvent dans des caves privées.

Relevé des vestiges fait par Joël Thibault : rue de la Bazoche (n° 3, 5 et 7), rue Racine (n° 5 et 7), rue du Général-Meusnier (n° 4, 6, 8, 10, 12, 14 et chevet de la chapelle des Lazaristes), rue Manceau (n 1, 3, 4, 5, 6, 8, 11, 13), rue des Ursulines (Cour des archives départementales).

Le Castrum : Dans la première moitié du 4ème siècle, à l’est de l’agglomération, là où se trouvait l’amphithéâtre, une enceinte fortifiée, nommée généralement « enceinte du castrum » est construite avec des matériaux de réemploi provenant des monuments situés en dehors de l’enceinte ou même d’autres agglomérations comme Amboise.

Cette enceinte, qui avait un périmètre de 1 245 mètres englobant une surface de 9 hectares, était renforcée par des tours circulaires ou polygonales et était percée par quatre portes fortifiées ou par des poternes. La porte nord donnait accès au pont sur la Loire, la porte sud était l’entrée monumentale du castrum et avait été aménagée avec des vomitoires de l’amphithéâtre, les portes est et ouest donnaient accès à la voie suivant la rive gauche de la Loire.

La poterne dite du sud-est, située à l’est de l’amphithéâtre et ayant conservé le dallage de son sol creusé de deux ornières provoquées par la circulation des chariots, permettait d’emprunter une voie allant à Saint-Avertin, où passaient une voie suivant la rive gauche du Cher et une autre se dirigeant vers Tournon Saint-Pierre.

Une reconstitution de ce castrum peut être vue sur un site de l’INRAP

Plan Joël Thibault

Voici, selon Joël Thibault in wikipedia, ce qui peut encore être vu : Les fondations sont accessibles dans les caves du Musée des beaux-arts ainsi que dans des caves voisines ; parmi les éléments de remploi, on y voit des blocs sculptés (7), des colonnes sciées (8), deux blocs gravés célébrant la Civitas Turonorum Libera « la cité libre des Turons » (9 et 10) et un chapiteau carré (11). 

Deux poternes sont encore visibles, au sud-est, jardin des Vikings, la poterne conservant le dallage de son sol intact (1) et au nord-ouest, quai André-Malraux (2). 

Poterne sud est photo Arcyon37

Plusieurs tours sont conservées : la tour d’angle « de l’Archevêché » au sud-ouest dans une dépendance du Musée des beaux-arts, place François-Sicard (3), la tour « du Petit-Cupidon » au sud-est, rue du Petit-Cupidon, arasée à hauteur de la courtine, ainsi que les vestiges de trois autres tours, l’arrondi de la première se devinant dans les maçonneries en élévation de la tour sud de la cathédrale, la base des deux autres se situant à l’entrée du cloître de la Psalette. Des coupes du rempart sont visibles à l’entrée de la rue Fleury, côté sud (on y distingue très bien la structure interne de la muraille) et contre la tour nord de la cathédrale ainsi qu’à l’intersection de la rue des Maures et du quai André-Malraux ou au niveau de la chapelle Saint-Libert, quai André-Malraux.

D’importantes portions de la courtine subsistent encore. La plus longue se trouve dans le « Jardin des Vikings », rue des Ursulines, depuis l’amphithéâtre jusqu’à la tour du Petit-Cupidon ; sur cette portion de courtine, on peut voir une brèche que la tradition attribue aux Normands lors de l’un de leurs raids pour tenter de s’emparer de Tours en 903. Le mur est conservé sur la presque totalité de sa hauteur, depuis les soubassements en grand appareil de remploi (5) jusqu’au sommet de la courtine, hormis les créneaux ; en raison des réfections successives, l’opus mixtum d’origine n’apparaît plus que par places. Derrière des immeubles de la rue du Petit-Cupidon et de la rue du Port Feu-Hugon, des cours intérieures limitées à l’ouest par l’enceinte permettent de voir des portions de courtine où le petit appareil est bien conservé. Côté septentrional, les bases du mur nord de la chapelle Saint-Libert (12) et du Logis des Gouverneurs, quai André-Malraux, (6) sont constituées du rempart lui-même et, plus à l’ouest, une autre portion de courtine ayant constitué le soubassement du château de Tours rejoint la poterne du nord-ouest et la tour d’angle.

L’abbaye de Marmoutier :

Cette abbaye, située au nord-est de Tours, sur l’ancienne commune de Sainte-Radegonde, rattachée à Tours en 1964, fut fondée par Saint Martin, devenu évêque de Tours, sur un site occupé dès le 1er ou le 2ème siècle après JC, qui était peut-être une étape (mansio) sur la voie Orléans/Angers.

On peut encore voir dans cette abbaye les cellules (cellae) occupées par Saint Martin et ses compagnons ainsi que des vestiges du réfectoire.

Musées :

Il est à regretter que Tours ne possède plus de musée archéologique mais on peut encore voir certaines des pièces des collections de la Société archéologique de Touraine (SAT).

Les collections dites de l’Hôtel Gouïn étaient exposées dans ce bâtiment jusqu’en 2008 et confiées ensuite au Conseil Départemental ; elles comprennent des pièces de la préhistoire (silex, poteries, outils), déposées au Musée du Grand Pressigny et de l’antiquité (pierres, poteries, verreries, bijoux), dont certaines peuvent être vues au Musée des Beaux-Arts ou lors d’expositions temporaires.

Les collections déposées auprès de la ville de Tours comprennent une collection de vases grecs ou étrusques, dont les plus belles pièces sont exposées dans le Musée des Beaux-Arts  et des pièces lapidaires, qui sont conservées dans les réserves de la ville.

La SAT a conservé en gestion directe un certain nombre de documents écrits ou photographiques, des monnaies, des médailles et des sceaux, qui se trouvent dans la Chapelle Saint-Libert, achetée et réhabilitée par la SAT dans les années 2010.