Critique de La mélodie des ténèbres

Critique de La mélodie des ténèbres

Titre : La mélodie des ténèbres

Auteur : Daniel Fopiani

Éditeur : Espasa

Pages : 269

Année : 2019

Genre : roman noir

Qualification:

A propos de l’auteur

Daniel Fopiano (Cadix, 1990), l’écrivain-soldat ou l’écrivain-soldat (dans le plus pur style Cervantès), est un sergent des Marines et l’auteur de deux polars qui ont fait (et font) beaucoup parler : La carcoma, un roman avec lequel il a remporté le prix Valencia Nova pour la narration en 2017 ; Oui La mélodie du noir, le roman brutal qui nous concerne. De plus, Fopiani est un contributeur actif du site littéraire Zenda, chroniqueur dans divers médias de Cadix, et quelques autres choses que vous trouverez sur la couverture du livre sous sa photo. Un esprit équilibré (je pense) et agité, un gars aux idées claires qui a un brillant avenir dans le monde des lettres. Venez lire.

critique de la mélodie des ténèbres

« Vous voyez, mais vous n’observez pas. La distinction est claire. ». Sherlock Holmes lui-même l’a dit, voir est une chose, observer en est une autre. La question ici serait : pouvez-vous observer quelque chose qui est aveugle ? Selon le RAE, observer, c’est examiner quelque chose avec soin, c’est-à-dire enquêter en profondeur et en détail. Pourrait-il être fait en utilisant le reste des sens? Entendre, sentir, toucher, goûter ? Suivre le cœur ? Je ne sais pas. La seule chose qui est claire pour moi, c’est qu’il faut être très courageux pour rendre aveugle le chercheur qui est le protagoniste de votre roman.

C’est ce qui se passe avec Adriano, l’ancien sergent de la Garde civile qui est devenu aveugle et défiguré (les blessures sur son esprit sont encore pires) en raison d’une attaque de l’ETA il y a des années et qui est maintenant utilisé pour tenter de traquer un meurtrier. Mais pas n’importe quel meurtrier, non, mais un dont le rituel semble s’inspirer des fameux Douze Travaux d’Hercule. Eau. Celui qui va teindre Cadix en rouge et dont l’enquête va secouer la vie de tous ceux qui osent l’approcher.

C’est le début original et passionnant d’un roman qui vous dévaste de l’intérieur, que la logique dit écrit avec les mains mais semble plutôt avoir été écrit directement avec les tripes. C’est un roman dur (parfois beaucoup) mais pas du tout sec. En elle, dans ses personnages, les émotions issues de leurs espoirs et de leurs désirs, de leur relation avec un monde qui les serre, coulent constamment. La solitude, la mort et le chagrin se succèdent sur ses pages, mais il y a aussi de la place pour l’amour, la rédemption et l’étincelle. Comme la vie elle-même.

© Journal de Séville

Tu dois donner de l’amour à Adriano. Daniel Fopiani a créé l’un des grands personnages du roman policier actuel avec Coque Brox de Pierre Cervantès du tout aussi merveilleux Three Minutes of Color (un autre avec des problèmes de vision, soit dit en passant). Cela va sembler bizarre, mais j’aime que l’ancien garde civil aveugle de Fopiani ne soit pas un fabuleux enquêteur d’intelligence superlative et de méthodes infaillibles. Et c’est qu’Adriano est un gars amer, rongé par la tragédie, prisonnier d’un monde de ténèbres perpétuelles qui fait juste assez pour continuer à respirer. Le cas? Bon, au début il a failli passer à côté, jusqu’à ce qu’il se rende compte que se remettre en action réactive une vie à laquelle il n’est soumis que par sa femme Patricia, personnage incontournable du roman et aux multiples bords, et la laisse de son chien Acho.

Quant au bourreau et aux victimes, il convient de noter le travail de l’auteur plongeant dans la psyché perturbée du meurtrier. Il est vrai que la genèse du monstre passe par des lieux communs au sein du genre, mais Fopiani fait preuve d’une grande imagination quand vient le temps du charognard, nous montrant quelques scènes de crime qui retourneraient l’estomac d’Hannibal Lecter lui-même. Le travail effectué avec les victimes est très remarquable, à qui l’auteur donne de la personnalité avec la simple note de quelques traits, désirs et souvenirs (un don que Fopiani montre pour décrire les personnages et les sensations avec les mots justes et précis), qui font bien plus que de simples morceaux de viande à autopsier.

Cela ne fait que commencer, mais La Mélodie des ténèbres se positionne déjà comme l’une des grandes lectures de l’année. Roman noir fait avec la tête et le cœur, utilisant un récit proche et vivant, qui frappe mais aussi émeut, avec un personnage de ceux qui restent à l’intérieur et avec une intrigue surprenante et intéressante, toujours croissante et manquant de charges. Attention à la fin : elle vous oblige à passer une visite médicale de toute urgence.

Je vous laisse avec une des grandes phrases du roman :

« Je dors tant que je peux (…) Pour moi c’est plus amusant de rêver que de vivre de cet autre côté que vous appelez la réalité » – Hadrien.

La mélodie des ténèbres dans Planet of Books

Site officiel de Daniel Fopiani