Critique ‘Le temps des étoiles’ de Massimiliano Virgilio – Rizzoli

LE TEMPS DES ÉTOILES || Maximilien Virgile || Rizoli || 31 janvier 2023 || 220pages

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Un couple très uni, qui partageait tout. Les voici, Giuseppe et Lara. Ensemble, ils vivaient dans de minuscules maisons pleines de livres, cachaient des secrets, saluaient Pino Daniele pour la dernière fois sur une Piazza del Plebiscito bondée de gens en larmes. En tant qu’entité unique, ils sont entrés dans l’âge adulte, devenant le journaliste d’investigation et le travailleur social qu’ils sont aujourd’hui, les gardiens attentifs de leurs rituels quotidiens. Un couple fort du passé et prêt pour l’avenir. Mais je suis à cet âge où les amis commencent à avoir des enfants. Et ils veulent un fils ? Et s’il était trop tard ? Ils essaient. Ils attendent dans les salles d’attente de cabinets médicaux coûteux, confient leurs espoirs à des gourous de la fertilité et à des sommités, font face à des tests, des retraits, des régimes ciblés. Le tout dans le but de devenir parents. Parce que Giuseppe aimerait devenir un meilleur père que le sien, a disparu dans les airs. Et Lara sait qu’elle ne ferait pas partie de ces mères qui ne parlent que par amour. Mais un désir vécu de différentes manières peut nous éloigner de l’autre. Laissez tout le monde seul face à ses démons. Peu à peu de profondes blessures du passé refont surface : Lara et Giuseppe doivent composer avec le meilleur et le plus abject d’eux-mêmes. Avec une écriture laconique et puissante, Massimiliano Virgilio nous livre deux personnages aux multiples facettes magistrales, deux protagonistes de notre époque. C’est une histoire éblouissante sur l’importance de ne pas être vaincu par les obsessions dont nous avons hérité, sur les possibilités qui disparaissent et celles qui arrivent.

L’Entité (de leurs mortacci !) ce sont Giuseppe et Lara, un couple de longue date qui soudain, au seuil de la quarantaine, se rend compte qu’entre le travail, les amis, les vacances et la vie de couple, ils ont oublié une chose : un enfant.

C’est ainsi que commence cette histoire, avec un couple essayant par tous les moyens de procréeravec ce processus qui commence de la manière la plus naturelle possible, puis alarme et démarre le processus d’analyses, de contrôles, de surveillance, de visites après visites jusqu’à la phrase finale.

Peut-être que chacun de vous pourrait avoir un enfant de quelqu’un d’autre. Mais ensemble, maintenant, il n’y a qu’une chance sur cent que cela puisse arriver.

Joseph et Lara l’Entité (de stocazzo !) ils font partie de ces couples parfaits : jamais de querelle ou de querelle, chacun complète les phrases de l’autre, ils savent toujours quelles sont les bonnes choses à dire ou à faire pour que leur partenaire soit heureux. Mêmes goûts, mêmes envies, mêmes ambitions.

Un de ces couples qui, à les regarder de loin, pourraient s’ériger en exemple à suivre, mais qui, de près, paraissent soit mortellement ennuyeux, soit désespérément faux.

Comme toujours, son rôle se limiterait à soutenir les aspirations de Lara.

Et pour aller de l’avant, en fait, voici la couche de surface, cette patine de perfection qui fait l’Entité (de staminchia) si parfait qu’il commence à s’émousser.

A les regarder de près, on se rend compte que Giuseppe et Lara sont comme tout le monde : ils s’écoutent, feignent de s’intéresser, pour que l’autre pense que tout va bien ; ils omettent pour ne pas discuter, chacun garde pour lui ce qui pourrait gêner l’autre.

Le problème est que même la meilleure peinture finira par se fissurer et casserl’Entité (marò quels nerfs !!) c’est justement la grossesse ratée… quel coup de génie !

Giuseppe et Lara infectent le lecteur pendant un peu plus de 200 pages, lui faisant atteindre des pics d’intolérance d’une rare intensité.

En tant que femme, j’avais presque honte de devoir admettre que je suis incapable de sympathiser avec Lara, que je me sens même agacée par sa douleur, mais elle et Giuseppe parviennent à ressembler davantage à deux enfants gâtés auxquels il manque le dernier autocollant pour compléter l’album, qui comme deux adultes n’affronte pas la douleur de l’échec parental.

Mais le pire de ce roman est contenu dans l’écriture de Massimiliano Virgilio, un auteur qui parvient à devenir le véritable protagoniste, négativement, de cette histoire.

Un styleson, qui engloutit complètement le récitl’emporte sur l’histoire et les personnages, devenant, en fait, le centre de tout.

Dès les premières pages, on perçoit le style raffiné, presque hautain de l’auteur. Une attention spasmodique à l’utilisation de termes souvent obsolètes rend le lecture difficile et, au fur et à mesure de la narration, le sentiment d’être étouffé par un tout morbide se fait de plus en plus sentir.

Le sujet choisi par Virgile, celui de l’absence de parentalité, du processus de fécondation assistée et comment tout cela affecte le couple, aurait pu parler de lui-même ; il aurait suffi de donner une voix à la douleur.

Mais l’auteur était évidemment d’un avis très différent e il a décidé de se mettreà travers sa plume, au centre du roman.

Je remercie la maison d’édition de m’avoir envoyé un exemplaire du roman